Le rock
stoner m’emmerde. J’écoute parfois les influences revendiquées : Sabbath,
Thin Lizzy, Hawkwind… mais les rejetons Kyuss, QOTSA… c’est au dessus de mes
forces. Quant on me vante le côté
aventureux et génial de Josh Homme, je me tais et j’attends que ça passe en
pensant au moment où je vais rentrer me coucher. Si je suis d’humeur taquine,
je parle du featuring d’Elton John sur son nouvel album. Pour moi, ça veut
tout dire.
En
revanche, parmi les précurseurs je suis assez toqué, en ce moment, d’un groupe
du Kansas et/ou du Missouri qui a enregistré un album autoproduit en
1969 : The Bulbous Creation (titre exemplaire – You Won’t Remember Dying).
Les musiciens ont disparu de la circulation et on ne sait rien d’eux. Rien à
part leur obsession pour Satan, la mort, les drogues dures et la guerre du
Vietnam. Et une approche assez peu rigoureuse de la musique en groupe :
chant bleu, voix blanche, guitares désaccordées, tempi flottants… C’est la fête
aux champignons et au marocain. Entre Sabbath pour les rythmiques doriques et
le chant qui se voudrait méchant et les groupes de Frisco pour les embardées à
la guitare, style Cipollina ou Garcia. Le quatuor compte deux chanteurs, en
tout cas on entend deux voix différentes, également approximatives mais
concernées. Le disque s’ouvre sur le peu à propos mais très réussi End
Of The Page : tempo plombé
et humeur byzantine. Et cette guitare lead psyché jamais saturée qui se
perd en volutes. Tout y est délicieusement instable, jusqu’aux voix du pont –
des huuuum à deux notes qui réussissent à se perdre en chemin. Plus proche du
Stoner, il y a Satan avec son riff d’intro qui semble prêt à se vomir dessus
suivi d’un break de batterie qui sème les bpm derrière lui comme un poucet
perdu dans la forêt noire. Les paroles sont au taquet : « Satan, tes
manières diaboliques, te conduisent au désespoir… ». Parmi les autres
perles le disque se clôt sur une garagissime version de Stormy Monday. Genre cinq
heures du matin en banlieue de Kansas City, il reste un seul couple sur la piste
et le guitariste laisse son âme prendre son
envol – entre pilotage automatique et vraie inspiration – minable et
grandiose.
Comme
la mondialisation a des effets imprévisibles, cette merveilleuse série Z est
disponible en pressage hongrois limité à 150 exemplaires ou en pressage
allemand avec une nouvelle pochette encore plus laide que l’originale. Voila,
je vous annonce ça le jour des Victoires de la musique.
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